
Cette fois-ci, c’est à l'ERG, l’école de recherche graphique, qu’a été accueilli, les 21 et 22 janvier 2023, le 7ème week-end de l’école expérimentale centré sur les questions de "comment faire trace en commun: inscription collective et mémoire partagée". Le samedi fut placé entre les mains du collectif Baraka Grafica qui réunit des membres de La Voix des Sans-papiers et des ancien·ne·s étudiant·e·s de l’ESA St Luc dans un processus de fabrique collective de BD. Ensemble, iels ont constitué un studio de bande dessinée expérimental et innovant qui se met au service des récits des personnes en exil.
Cette première partie du weekend a été consacrée à la transmission de leur processus créatif ; dessiner à plusieurs mains et depuis plusieurs sensibilités. Ensemble, ils et elles ont réalisé une œuvre autour de l’arrivée en Belgique des personnes exilées.
Un temps de discussion nécessaire autour de la "création avec" a eu lieu le dimanche. Une place particulière est donnée à ces questions qu’on se pose trop peu souvent dans ces processus de création ; comment raconter l’autre avec lui ? Comment servir une histoire qui ne nous appartient pas ? Pourquoi vouloir le faire ? Comment se placer plus justement et éthiquement dans ces constructions artistiques ?
Les réflexions ont notamment été nourries par le travail mené depuis un certain temps au sein du projet Exil.s & Création.s. Composé d'artistes sans et avec papiers, il mène une réflexion en profondeur sur les expériences de projets artistiques avec des personnes exilé·es et sur l'élaboration de divers outils pédagogiques et pratiques, dont une charte qui poserait les balises d'un travail commun et éthique.
Modou Ndiaye et Milady Renoir, respectivement porte parole de la Voix des Sans Papiers de Belgique et artiste soutien de la lutte des sans-papiers poursuivent les réflexions amorcées samedi. Un focus se fait sur la question de l'archivage avec Abdourahman Pape Dieng, archiviste de la Voix des Sans Papiers, qui en parlant de son expérience nous questionne sur la mise en place et l'importance de ce travail.
C’est aussi dans cette démarche que les réalisateurs Elie Maissin et Mieriën Coppens proposent de s’interroger sur les diverses possibilités de faire mémoire à plusieurs mains et sur le rôle de chaque personne prenant part dans cette fabrique en commun, à travers la présentation de deux de leurs courts-métrages : “Caught In The Rain” et “Standing Guard”.
Production : atelier 210 Coordination : Léa Drouet et Camille Louis Réalisation : Lucie Breyer et Elodie Kempenaer (Magma asbl) Accompagnement à la réalisation, montage et mixage : Némo Camus
Sur une proposition de Léa Drouet et de Camille Louis, l'« École Expérimentale » se veut être une école partant des expériences plus que des expertises et invitant des personnes dont on a l’habitude de faire des "objets d’étude" (les dites « minorités », « la jeunesse », « l’enfance », « les personnes âgées »….) à prendre leur place de sujets détenteurs de savoirs singuliers et en capacité de les transmettre, de les enseigner différemment.
Évidemment car ce projet ne s’écrit pas, il se vit. Rien n’est fixe, tout est à construire, à lier, à réfléchir, à questionner.
Le savoir ici n’est pas un objet fixe, c’est un mouvement, un partage, un échange, une parole, un questionnement. Le savoir ici est empirique, il n’est pas issu de l’étude mais du vécu de l’expérience.
À travers ce podcast, nous, l’équipe de Magma asbl accompagnée par Némo Camus, tentons de rendre compte le plus fidèlement possible de ce qui se jouera au cœur de ces moments d’expérimentation.